Nos forêts sous haute surveillance
Alors que les tristes records de chaleur se multiplient partout dans le monde, l’été 2023 s’annonce comme la saison de tous les dangers pour nos forêts.
Que fait l’Union européenne pour nous protéger ?
2022 a été une année record dans l’UE. Près de 800 000 hectares sont partis en fumée l’an passé, soit plus du double de la moyenne annuelle sur la période 2006-2022.
Cette année, l’Europe a déjà souffert d’une sécheresse hivernale et accuse un déficit de pluie dans de nombreuses régions. « Le risque d’incendies de forêt s’est étendu à des zones qui n’avaient pas été exposées auparavant, dépassant largement la région méditerranéenne », déclare le Commissaire européen à la Gestion des crises, Janez Lenarčič.
Selon Copernicus – le dispositif européen d’observation de la Terre – le mois de juin a été le plus chaud jamais enregistré sur la planète. Le mois de juillet est sur la même voie.
Alors que la saison des feux a battu des records de précocité partout dans le monde, la France vient d’annoncer l’envoi immédiat de moyens humains et matériels pour lutter contre les dizaines de feux qui ravagent la Grèce et menacent ses habitants.
C’est le Mécanisme Européen de Protection Civile de l’UE qui permet cette réactivité des Etats.
MEPC, quézako ?
Le MEPC, créé en 2001, est un dispositif d’aide composé des 27 pays membres et de 9 pays tiers, voué à porter assistance lors d’inondations, de séismes, d’épidémies ou d’incendies.
Ce programme vise donc à ‘protéger les citoyens européens’ en cas de catastrophe, mais aussi à ‘étendre la solidarité de l’UE au-delà de ses frontières’ par la mise en commun des capacités de réponse nationales pour une meilleure intervention en cas de crise.
Les ‘mégafeux’ qui ont ravagé le Portugal en 2017 ou la France l’an passé sont autant de signes qu’une réaction d’ampleur à l’échelle européenne était nécessaire.
Consciente que d’ici 2050, les surfaces brûlées pourraient augmenter de 80% dans la seule zone méditerranéenne en raison du réchauffement climatique, l’UE a offert une réponse proportionnée à la menace de ces feux de forêt géants en se dotant d’une flotte aérienne nommée rescEU, qui est venue renforcer le MEPC en 2019 et ne cesse de croître depuis.
Ainsi, les moyens aériens alloués à la lutte contre les feux de forêt ont été doublés par rapport à 2022, passant de 13 à 28 appareils, dont 24 avions et 4 hélicoptères. Ces avions sont stationnés dans 10 états membres (dont 2 Canadairs en France).
L’UE a même relancé la production de bombardiers d’eau De Havilland, à l’arrêt depuis 10 ans, en passant commande de 22 appareils livrables entre 2026 et 2029.
Comment fonctionne le MEPC ?
Le mécanisme peut être déclenché par un état lorsqu’il ne dispose pas des capacités suffisantes pour faire face à une catastrophe, comme ce fut le cas pour la France l’an passé, ou lors des incendies dévastateurs qui ont ravagé les forêts canadiennes en juin dernier, ce qui a permis l’envoi de près de 300 sapeurs-pompiers en renfort dans l’est du pays. C’est ce même mécanisme que la Grèce vient d’activer.
Le dispositif coordonne une réponse collective et fournit l’aide nécessaire en puisant dans ses propres ressources si nécessaire. Elle peut être appuyée par le service de cartographie d’urgence par satellite de Copernicus, qui évalue les périmètres de foyers actifs ou les zones d’habitations à protéger.
Le MEPC travaille aussi toute l’année sur la prévention et la préparation pour une réponse plus efficace par le biais de la formation d’experts en protection civile, d’exercices menés à grande échelle, ou du renforcement d’outils d’alerte précoce.
Et pour cette année 2023 ?
Parce que l’UE a tiré les leçons des années passées, en 2023 ‘les forces ont été mieux réparties sur le territoire pour éviter que des moyens stationnés au Portugal ne soient envoyés en Pologne’, déclare Claire Kowalewski, colonelle et experte détachée auprès de la Commission européenne.
Environ 25 millions d’euros ont été alloués à la surveillance de cette saison estivale.
Une cellule spéciale a été ouverte à Bruxelles le 15 juin et sera en veille jusqu’au 15 septembre, afin d’analyser et de coordonner la lutte contre les feux.
Au total, 443 pompiers ont été pré-positionnés dans les zones particulièrement à risque :
205 en Grèce
174 en France
64 au Portugal.
Comme l’an passé, l’UE prendra en charge 100% du coût du transport et 75% des coûts opérationnels en cas de déplacement.
Autant d’efforts et de moyens qui ne remplaceront jamais la vigilance individuelle nécessaire à la protection de territoires fragiles (95% des feux sont liés à l’intervention humaine) mais qui, espérons-le, sauveront des centaines d’hectares cet été.
