Trump acte II – L’UE face à une nouvelle épreuve de force

Le 5 novembre dernier, Donald Trump a été officiellement réélu en tant que 47e président des États-Unis.
Sa politique, déjà marquée par des positions radicales lors de son premier mandat, pourrait-elle influencer les choix stratégiques de l’Union européenne ?
Des conséquences sur le commerce : de nouvelles douanes punitives ?
En 2018, Trump avait qualifié l’UE de « principal ennemi commercial » et, fidèle à sa promesse « America First, » avait imposé de nouveaux droits de douane sur les produits européens pendant son premier mandat (2017-2021). L’UE avait répliqué en appliquant des taxes similaires sur les produits américains.
La stratégie « America First » devrait encore se renforcer lors de son second mandat. En déclarant dans une interview que « l’UE est une mini-Chine, mais pas si mini que ça », Trump a illustré sa vision des relations internationales. Il a déjà annoncé son intention d’imposer des droits de douane universels de 10 à 20 % sur tous les produits fabriqués à l’étranger, y compris ceux en provenance de l’Union européenne.
Un pas en arrière dans la protection du climat ?
Climatosceptique notoire, Trump avait déjà affaibli ou abrogé, lors de la période 2017-2021, une centaine de réglementations environnementales. Sa décision la plus marquante en matière de climat fut le retrait de l’accord de Paris en 2017, qu’il justifia en déclarant qu’il avait été “[…] élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas ceux de Paris”.
Ce n’est qu’en 2021, à l’arrivée de Biden au pouvoir, que les États-Unis réintégrèrent l’accord.
Cette fois encore, Trump a annoncé pendant sa campagne électorale son intention de se retirer de l’accord de Paris, de réduire les dépenses publiques pour l’énergie verte et de diminuer les zones de réserves naturelles pour favoriser les forages pétroliers et l’exploitation minière, sous le slogan « drill, baby, drill » (« fore, bébé, fore »).
Selon lui, les États-Unis possèdent « plus d’or liquide que n’importe quel pays ».
Il est donc évident qu’il va mettre l’accent sur les énergies fossiles et non pas sur les énergies renouvelables et la transition écologique comme l’Union européenne.
Défense : l’UE encore très dépendante des Etats-Unis ?
Bien qu’Ursula von der Leyen ait nommé, au début de son second mandat, un commissaire à la défense pour la période 2024-2029, il reste encore beaucoup à faire pour la défense européenne.
Les budgets des pays européens dans ce domaine restent trop faibles.
Un avenir sans le soutien des États-Unis en matière de défense serait difficile pour l’UE, surtout avec la guerre en Ukraine.
Les Etats-Unis soutiennent l’Ukraine à hauteur de 57 milliards € aujourd’hui, contre 43,5 milliards € pour l’UE. Un arrêt du soutien financier de la part des Etats-Unis comme Trump l’a évoqué plusieurs fois lors de sa campagne serait fatal pour l’Ukraine. L’UE se questionne sur comment elle pourrait continuer à soutenir ce pays.
L’OTAN
Pendant son premier mandat, Trump a constamment critiqué l’OTAN, dont l’objectif est de garantir la sécurité et la liberté de ses 32 membres, dont 23 pays de l’UE. Il reprochait aux membres de ne pas respecter leurs engagements financiers (2 % de leur PIB) et remettait en question l’adhésion des États-Unis.
Un retrait américain serait très grave, car les États-Unis sont le principal contributeur financier de l’OTAN, avec des dépenses de 968 milliards de dollars en 2024. De plus, leur présence assure la sécurité, notamment des pays d’Europe de l’Est.
La question qui se pose est donc de savoir si Trump décidera ou non de retirer les États-Unis de l’OTAN.
Une nouvelle ère
La victoire de Trump marque le début d’une nouvelle ère, où il n’existe plus de contrepoids clair face aux autocraties. Partout en Europe, le populisme progresse, et les crises politiques en France et en Allemagne compliquent la lutte contre ce phénomène.
Sous Trump, les accords bilatéraux pourraient se multiplier, au détriment des coopérations multilatérales, ce qui pourrait permettre à Trump de diviser davantage l’UE.
Il est donc essentiel pour l’Union européenne de gagner en autonomie et de s’affranchir de sa dépendance aux États-Unis.
Image à la une :
European Union, 2020 – Source : EC Audiovisual service – Photographer: Stefan Wermuth
Le Monde – « Face à la réélection de Donald Trump, l’Union européenne doit prendre son destin en main » (consulté le 12/11/2024)
Toute l’Europe – Election de Donald Trump : quelles conséquences pour l’Europe et la France ? (consulté le 12/11/2024)
Toute l’Europe – Les Européens réagissent à l’élection de Donald Trump et appellent à la coopération transatlantique (consulté le 12/11/2024)